C’est l’histoire d’une auto conçue pour célébrer les 50 ans de la victoire d’une Ford aux 24h du Mans. Une auto qu’on pensait ne jamais voir homologuée pour la route… et pourtant, on a fini par en prendre le volant !
Le concept
Les rois du marketing nous rabâchent souvent les oreilles avec leurs modèles « issus de la compétition ». Dans la plupart des cas, c’est de l’esbroufe. Mais pas chez Ford. Quand ils nous disent que leur nouvelle GT a été conçue pour briller dans la plus mythique des épreuves d’endurance, c’est du réel. Comment expliquer sinon les proportions hors normes de l’engin, aussi large qu’aplati, percé de tous les côtés et dépourvu du moindre aspect pratique (coffre ridicule, habitabilité et visibilité minimales) ?
La GT « de route », elle, ne doit certainement son existence qu’à la réglementation. Selon les textes de la FIA, il faut avoir vendu et livré au moins une voiture de série pour homologuer un modèle de compétition en catégorie GT. Il aurait été dommage que Ford se prive concrètement du titre pour ce « détail ». Et nous par la même occasion de cette fabuleuse GT !
- Châssis de course homologué pour la route
- Look de vraie supercar, collector assuré
- Plaisir de conduite, performances de très (très, très) haut niveau
- Position de conduite contraignante
- Sonorité du V6 un peu rustre
- Absolument aucune attention pratique
Ce qui change
Donnée pour 1.385 kg (à sec), la Ford GT n’est pas un poids plume, mais elle peut compter sur une répartition des masses bien balancée grâce à sa mécanique implantée en position centrale. Son ratio poids/puissance fait aussi saliver : le 3.5 V6 biturbo EcoBoost – dérivé de celui qui équipe les versions les plus sportives du célèbre pick-up F150 Raptor aux Etats-Unis – développe ici la bagatelle de 650 ch à 6.250 tr/min et peut catapulter la machine et ses hommes à plus de 100 km/h en à peine 3 s !
Comment ça roule ?
Les portes en élytre qui ne montent pas très haut, les imposants pontons de la cellule en carbone et le toit qui culmine à 1,11 m du sol – soit encore 3 cm plus bas que celui d’une Lamborghini Aventador LP740-4 – ne facilitent pas l’accès à bord. Une fois installé dans la GT, il faut encore composer avec des assises de siège fixes, arrimées au plancher et des piliers de toit très intrusifs… qui cachent en fait l’arceau (homologué FIA) boulonné de série sur toutes les GT « de route ». La position de conduite, elle, s’ajuste grâce à un pédalier monté sur coulisses et à un volant réglable en hauteur et en approche... sans toutefois offrir les mêmes plages d’ajustement que le ferait un siège mobile.
Spoiler déployé et assiette abaissée de 5 cm – le fond plat n’est plus alors qu’à 7 cm du sol – la GT impressionne d’amblée par sa tenue de route et son équilibre. Pas un poil de roulis dans les virages et un châssis qui pique à la corde comme… celui d’une voiture de course (ben oui !), avec netteté, rigueur et précision. Sans une once d’approximation, le train avant se pilote du bout des doigts et les mises en appui sont instantanées. A la régulière, la GT pivote naturellement, comme autour d’un axe fiché entre ses deux sièges. Un peu trop tôt ou trop généreux sur les gaz en sortie de courbe et le V6 vous fait par contre très vite comprendre qu’il n’est pas du genre à plaisanter. Le survirage n’est jamais loin mais le retour d’info dans les commandes et dans les fesses est tel qu’on sent tout de suite le coup venir. Assez pour corriger relativement facilement la trajectoire, sans devoir se battre avec le volant.
Budget/équipement
Qui dit voiture d’exception dit forcément production limitée. Pas la peine d’espérer mettre la main sur une Ford GT cette année, ni même de compter dessus pour l’année prochaine… De source officielle, les 500 premiers exemplaires auraient déjà tous été réservés. La bonne nouvelle, c’est que l’ovale est du genre flexible. Vu la forte demande pour la GT, il a ainsi décidé d’allonger le planning de production à 4 ans, contre 2 à l’origine. A raison de 250 exemplaires fabriqués chaque année, il va tout de même falloir être rapide pour signer le bon de commande des 500 qui restent… Pour le chiffre en bas de la facture, comptez entre 400.000 et 500.000 $ ! Un prix qui peut considérablement varier en fonction de la définition finale de la voiture (peinture spéciale, jantes en alu ou en carbone, finition) et dont la seule certitude que l’on puisse avoir à l’heure actuelle est qu’il soit hors taxes. Rude non ?
Les concurrentes
Notre verdict
La Ford GT a sans aucun doute sa place au cénacle de l’automobile d’exception. Vraie voiture de course dérivée pour la série, elle a à la fois le look, le niveau de performance (de très, très, très haut niveau) et le pédigrée qu’il faut pour toucher en plein cœur les amateurs de vraies supercars. Un collector auquel beaucoup d’adeptes de la chose, dont nous sommes évidemment, vont sans doute encore rêver longtemps…